Les lectures de ce dimanche sont remplies de la certitude que quelque chose peut changer dans nos vies. Alors que la (fausse) sagesse de ce monde nous ressert sans cesse les mêmes formules, du genre : « qui a bu boira ! », la sainte Écriture ose nous parler le langage d’un complet renouvellement de notre vie individuelle et collective. Si beaucoup d’images sont prises à la nature (les torrents qui envahissent le désert au printemps), il nous est bien montré qu’il ne s’agit pas d’un renouveau périodique, bientôt suivi d’un nouveau déclin : quand Jésus dit à la femme surprise en flagrant délit d’adultère « va et ne pèche plus », il n’ajoute pas : « jusqu’à la prochaine fois » et il ne le pense pas non plus. Pour lui, son encouragement, sa miséricorde ont valeur de promesses : « tu seras fidèle parce que je t’aime et que j’ai tout donné pour toi ».
Mais comment peut-on être sûr que le changement entrevu pourra tenir, quoi qu’il arrive ? Il y a malheureusement des exemples qui nous montrent des êtres, même convertis de façon exceptionnelle, qui retournent à leurs anciennes erreurs, démentant ainsi la grâce dont ils ont bénéficié. Il est vrai que rien n’est magique, ce serait une illusion de croire que le Christ va bloquer les aléas de notre liberté et nous fixer malgré nous dans le bien. Faire boire un « philtre d’amour » ne fait pas partie des méthodes du Seigneur.
Alors ? N’est-on pas revenu au cas précédent où chacun essaie, comme il peut, de faire pour le mieux, jusqu’à ce qu’un obstacle trop fort le précipite du mauvais côté ? Ce serait sans compter sur l’effet de la grâce divine, qui, si elle n’est pas une assurance tout risque, est une manière de nous faire entrer dans une relation vivante avec quelqu’un qui nous aime. Parce que le péché est toujours une forme de désespoir, un cri de détresse, parce que la vie est trop dure, trop monotone, que l’on n’est pas aimé, qu’il y a trop de choses qui nous empêchent de vivre vraiment, alors on commet un jour l’irréparable, pour casser, pour tout gâcher, pour en finir tout simplement. Quand Jésus se penche sur nous, tout cela fond comme neige au soleil, nous découvrons combien nous étions bêtes : la vie est là, « simple et tranquille », nous avons une place, et la plus belle, dans l’amour de notre Roi, et les autres ne sont pas si haïssables que cela, ils sont tous des pauvres eux aussi, un peu maladroits mais, capables parfois d’attentions incroyables.
Une fois cette première découverte faite, il y a encore un long chemin de guérison que le Seigneur fait avec nous, mais où il compte sur la mise en route de notre volonté peu à peu fortifiée par ses soins, reconstituée par ses sacrements. Il s’agit d’abord de garder cette petite flamme de foi et de faire en sorte qu’elle monte le plus haut possible, n’acceptant jamais de remettre en cause le don reçu de lui, de douter de sa puissance et de son fidélité. Même devant les échecs, il s’agit de croire que quelque chose a changé, que nous sommes embarqués avec lui et que lui ne lâchera pas.
L’expérience de la Croix ne manquera pas, parce qu’elle n’a pas manqué pour lui non plus. « Le disciple n’est pas plus grand que son maître ». On ne bâtit pas dans la facilité. Si tout a été gratuit dans le don qui nous a été fait, il y a un moment où nous sommes amenés à engager quelque chose de nous-mêmes, d’y mettre notre sueur et peut-être notre sang. « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ». Cette avancée sera solide et durable, parce qu’elle nous aura marqué jusque dans notre chair. N’ayons pas peur, le Seigneur ne demandera jamais rien au-dessus de nos forces, faisons-lui confiance.
Et au terme, nous trouvons la joyeuse certitude que plus rien ne pourra plus nous tirer en arrière, même s’il faut rester prudent. Que la victoire est là, devant nous.
J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi : désormais m’est réservée la couronne de la justice, que m’accordera en ce jour-là le Seigneur, le juste Juge, et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront chéri son avènement (2 Timothée 4,7-8).
Michel GITTON
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