Témoignages de Foi des Joueurs en Coupe du Monde

Depuis 30 ans, les fins de Coupe du Monde s’accompagnent de témoignages de foi de la part de certains joueurs. Alors que le Mondial au Qatar s’achève bientôt, retour sur ces étonnantes histoires.

1994

Moment d’exaltation à l’issue des tirs au but, qui apparait dans le clip de Shakira « Waka Waka » : le gardien brésilien Claudio Taffarel s’agenouille et l’on devine à ses lèvres qu’il remercie le Ciel. Il revient lors d’un entretien ultérieur sur le dernier tir au but qui donne la victoire au Brésil sur l’Italie en 1994 : « Quand Baggio a pris la balle, j’ai eu la certitude de la victoire. Qui croit en Dieu ne perdra jamais face à quelqu’un qui croit en Bouddha » (la star italienne, dernier à se présenter aux tirs aux buts, s’était converti au bouddhisme). Le propos catégorique sera relevé des années plus tard à des fins polémiques. Il précise en fait dans le même interview que Dieu lui avait donné l’intuition de leur victoire non sur ce dernier tir au but mais durant le tournoi.

Quand je demande cette année à Raï, champion du Monde 1994, s’il croit que Dieu leur a donné la victoire, il me dit que les joueurs l’ont méritée de par leur travail. Mais oui, leur groupe était très uni, me dit-il, les joueurs se disant les uns les autres de faire plus d’efforts, de plus travailler. Il confirme que dans cette cohésion, la foi a joué une grande part.

2002

Les Brésiliens récidivent lors de leur victoire en 2002, rendant grâce à Dieu en priant en cercle, avec notamment Ricardo Kakà, le Ballon d’Or brésilien connu pour avoir arboré « I belong to Jesus » (J’appartiens à Jésus) à sa victoire en Ligue des champions. Ce geste leur vaudra un avertissement de la FIFA mais la fervente Seleçao récidivera à chaque tournoi gagné.

En 2014, David Luiz, capitaine brésilien, pose le même geste cette fois non pas dans la gloire mais dans l’humiliation, après la défaite historique du 7 à 1 face à l’Allemagne : il s’agenouille et prie avec son coéquipier Luiz Gustavo. Cette scène, saisissante, suscite moqueries sur les réseaux sociaux mais aussi admiration pour cette capacité à louer Dieu inconditionnellement.

Quelques semaines plus tard, David Luiz signe en superstar au PSG. Plusieurs fans de foot aficionados du joueur de tous horizons, comprenant juifs, musulmans, sont venus le saluer à son arrivée à Paris, j’en faisais partie. Je n’ai pas osé lui remémorer son geste mais son aura en imposait. Sa foi a été remarquée et fut évoquée à sa conférence de presse inaugurale. Quelques années plus tard, à son arrivée à Chelsea, Olivier Giroud recherchera l’amitié de ce grand-frère dans la foi et, dans le secret, les deux hommes prieront ensemble juste avant la finale d’Europa League qu’ils remporteront avec ouverture du score du premier.

2010

Quelques mois avant le Mondial 2010, les joueurs espagnols Iniesta, Fernando Torres et Carlos Marchena écrivent la promesse de faire un pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle s’ils gagnent la Coupe du Monde. Ils la gagnent sur un but du premier. David Silva attribue la victoire en finale à la Vierge du Mont Carmel, patronne de sa ville d’Arguineguín, à qui il promet un pèlerinage d’action de grâce. L’Espagne avait pourtant mal débuté son Mondial. Avant le match contre le Honduras, l’attaquant David Villa déclare : « Ne vous inquiétez pas, la Vierge de Covadonga va gagner ce match », Vierge pour laquelle il a une dévotion avec sa famille. Il marque ce jour-là, et l’Espagne gagne, relançant sa compétition.

2014

En septembre 2013, Mario Götze, jeune attaquant allemand alors blessé depuis plusieurs mois, écrit sur son réseau social : « Cher Dieu. Je veux prendre une minute avec toi. Pas pour te demander quelque chose. Mais simplement pour Te dire merci pour tout ce que j’ai ». « Publication Facebook inhabituelle pour une star de la Bundesliga ! » s’étonne alors Bild. Quelques mois plus tard, il marque le but victorieux pour l’Allemagne en finale de Coupe du Monde 2014.

2018

Lors de la finale de l’Equipe de France en Russie, Olivier Giroud écrit au marqueur noir sur sa main gauche « I LOVE » et sur sa main droite « JESUS ». On le voit à la sortie des vestiaires avec ces inscriptions recouvrant toutes ses paumes. Il ne marque pas, mais lors des célébrations en fin de match, il montre à la caméra ses paumes aux mots que les pluies torrentielles n’ont pas encore effacés.

En 2019, j’offre à Olivier Giroud, lors du gala pour les chrétiens persécutés à l’église French Connect de Londres, un bracelet où il est marqué « I LOVE JESUS », lui rappelant le message qu’il a écrit avant la victoire en Coupe du Monde. Il l’enfile immédiatement à son poignet m’expliquant avec un sourire qu’il ne pourra le garder pendant les matchs pour des raisons de sécurité du fait des contacts physiques entre joueurs. Réécrirait-il ce message en 2022 ? Que ce soit lui ou un autre, on peut prier avec confiance pour que, comme à chaque fois depuis 1994, des joueurs, inspirés par les audacieux exemples passés, prennent le relais.