Ce lundi 16 septembre, est diffusé le premier épisode de Fortune de France, série créée par Christopher Thompson. Au programme : Histoire, suspens, humour et amour, mais aussi une belle réflexion sur la foi chrétienne. La revue Mission en profite pour rappeler et ce qui sépare protestants et catholiques, mais aussi ce qui les rapproche.

Grands amateurs du roman Fortune de France de Robert Merle, nous attendions avec un mélange d’impatience et d’inquiétude l’avant-première de son adaptation en série. Ce formidable cycle historique, raconte avec passion, humour et gaillardise les aventures et la fortune des Siorac, une famille protestante calviniste (ou « huguenote ») dans le contexte plus que troublé des guerres de religions.

C’est peu dire que l’Eglise catholique n’apparaît pas sous son meilleur jour ! Le menu a, a priori, quelque chose d’indigeste pour un catholique : inquisiteurs impitoyables, curé paillard, catholiques ignorants mélangeant foi et superstitions, ou instruits mais « couvrant leurs mauvaises actions du manteau de la religion » pour utiliser les mots du jeune Siorac… Difficile de s’identifier à ces gens-là !

Pour autant, nous ne nous interdisons pas d’apprécier ce début de série plein de qualités sur la forme comme sur le fond. Que retenir ?

Une fresque historique passionnante, savoureuse et édifiante

Il y a la bonne humeur que dégage ce cadre familial et que ni la pression des événements extérieurs ni les tensions internes ne parviennent à entamer vraiment. Dans un décor périgourdin bien choisi, on voit défiler l’entourage de Siorac, incarné par Nicolas Duvauchelle : sa famille, ses soldats et ses servantes (sans accent d’oc hélas), devant Antoine Gouy dans le rôle de l’enquêteur bordelais corrompu, violent et odieux mais irrésistible, où personnellement nous peinons à ne pas voir transpirer l’hilarant fonctionnaire procédurier d’Au Service de la France de Halin, Lemaréchal et Yerlès.

Il y a des personnages de chrétiens édifiants, bien sûr plutôt du côté des protestants mais qu’à cela ne tienne ! Jean de Sauveterre cherche le salut dans l’application à la lettre des Ecritures et désire ardemment le martyre. Jean de Siorac, plus rusé, préfère cacher sa foi pour protéger sa famille, tout en affirmant qu’il n’en aime pas moins Dieu. C’est en effet à cette époque qu’émerge la notion de conscience et donc celle de liberté de conscience, qui permet moralement de distinguer ce qu’on croit en son âme et conscience et ce qu’il est prudent de dire à voix haute.

Il n’y a pourtant pas là d’éloge de la lâcheté et du mensonge, puisque Siorac n’agit ainsi que pour protéger ceux qu’il aime et dont il a la charge. Finalement, c’est la nourrice Barberine (enfin une catholique sensée !) qui a les mots justes : celui qui aime le plus Dieu, c’est celui qui aime et aide le plus son prochain.

Un autre point sur lequel un chrétien peut suivre Jean de Siorac, c’est le souci d’étudier et de faire connaître aux autres l’Ecriture sainte : ici, comme souvent, les extrémistes intolérants ne sont pas ceux qui connaissent le mieux leur foi, bien au contraire. Siorac, c’est donc un homme qui sait allier la recherche de la vérité avec le juste exercice de la charité.

Evidemment, un catholique, qui croit que le tout-puissant peut bien se faire tout petit par amour, ne peut que regretter de voir ce brave homme refuser l’Eucharistie, croyant Dieu trop éloigné au-dessus de lui pour être présent dans du pain. Mais aimer le Christ sincèrement, c’est déjà avoir beaucoup !

Fortune de France a au moins le potentiel des romans de George R. R. Martin, en plus drôle

Pour le moment, difficile de savoir si la suite de la série sera à la hauteur du roman, qui offre un sujet formidable pour une série et contient tous les ingrédients du succès pour qui saura les mettre à l’écran. Nous attendons avec impatience la rencontre entre la petite histoire et la grande, mais aussi les ressorts comiques encore absents de l’épisode 1, comme l’avarice maladive de Sauveterre ou les débats de médecins dignes des comédies de Molière. En un mot, que se déploie tout le potentiel de cette galerie de personnages hauts en couleur.

Nous attendons enfin des personnages présents dans le roman et incontournables, comme Etienne de la Boétie (le célèbre ami de Montaigne et l’auteur du Discours de la Servitude volontaire) et son père, dont l’amitié avec le clan Siorac symbolise les amitiés qui ont jeté les bases de la future fraternité entre ces deux branches du christianisme.

Cyr Gainault

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