L’adaptation du « thriller apocalyptique »1 de Michael O’Brien propose un regard intriguant sur la société. L’âme tourmentée du héros carme au passé tumultueux, tiré par le Pape hors de son couvent, dévoile les armes du combat spirituel entre le bien et le mal.
« La mission », c’est le nom du premier tome de la trilogie en BD de Père Elijah paru en septembre 2022, qui adapte le roman de Michael O’Brien. Tiré de son carmel en Terre Sainte, dans les années 1990, notre héros en robe de bure, ancien député israélien puissant et rescapé de la Shoah est appelé par le Pape à une mission périlleuse : avertir le Président de la fédération européenne, sorte de « saint laïc », du danger spirituel qui le guette. « Je souhaitais surtout que les lecteurs retiennent de ce récit quelques principes de base du discernement, et qu’ils se tournent vers la réalité avec un regard neuf, une conscience nouvelle des fondements du combat dans lequel nous sommes engagés », écrit Michael O’Brien dans un entretien avec son éditeur, Aymeric Jeanson. Retiré dans son couvent depuis plus de quarante ans son personnage reconnaît les puissances maléfiques omniprésentes dans la société de la fin du XXe siècle. A son arrivée à Rome en habit carmélitain, il est confronté à l’anticléricalisme ambiant. Complots, satanisme, trahisons, corruption vaticane : le mal apparaît sous toutes ses formes dans les planches de cette bande dessinée.
Mais à la différence d’une apocalypse classique, « pas un coup de feu n’est tiré dans les 590 pages du roman » qui met en valeur « les combats intérieurs, les luttes spirituelles », comme le fait remarquer le scénariste Thomas Oswald. Ce n’est plus au nazisme que cet ancien Juif est ici confronté, mais au « faux humanisme », dixit Michael O’Brien. Le Président, loué de toute part, apparaît comme le sauveur de l’humanité, promet la fin des guerres, dit qu’il veut unifier la « communauté humaine » en s’entendant avec « les chefs des grandes religions » pour y puiser les « meilleures intuitions du passé ». Au risque d’être accusé d’obscurantisme, le moine agent secret reconnaît le danger auquel lui-même a été confronté dans sa jeunesse. « Le Président incarne la tentative de l’homme de se sauver lui-même », selon l’auteur. De cette prétention découle la tentation « d’excuser les violences, les injustices » contre ceux qui font obstacle à cette « solution collective », et en premier lieu, l’Eglise.
Cependant, « le monde tient debout non par la puissance des grands, mais grâce à la force féroce de petites dames portant des filets à provision », comme le fait remarquer l’ancien homme politique israélien. Ce récit fait la part belle en effet à la diversité dans l’Eglise, et à la place que chacun peut trouver dans ce combat spirituel pour le bien. La « petite dame » accrochée à son chapelet, « Monsignor Billy » roulant en jaguar, jovial, grassouillet, et plein d’humour, ou encore Don Matteo, moine mystique hirsute, sont autant de visages de chrétiens fervents engagés, selon leurs talents mais aussi leurs faiblesses. Père Elijah pour sa part symbolise l’homme de Dieu tenté par le désespoir. Dans de nombreuses vignettes, le lecteur découvre ses dialogues et combats intérieurs et ses souvenirs douloureux. Pour résister, le frère carme s’accroche à la prière, médite les Ecritures et prend conseil. Autre force qui caractérise ce Juif converti, il peut juger les actes, mais refuse de condamner les personnes, car il reconnaît la liberté de chaque homme. « Ne nomme personne « antéchrist » tant que son âme n’a pas été pesée dans la balance », commande-t-il de fait à son ami Billy. La vigilance nous fait voir le mal qui est présent, mais l’auteur dévoile qu’il n’y a pas de déterminisme, que c’est à chacun de choisir librement le bien, et que tout homme a une mission, à son échelle, pour que triomphe le Royaume de Dieu.
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